Mot de S.E.Mme Anne Grillo, ambassadrice de France au Liban Célébration du centenaire de l’Hôtel Dieu de France – 5 mai 2022

Seul le prononcé fait foi

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Révérand Père recteur

Monsieur le Directeur,

Mesdames et messieurs, chers amis, 

C’était il y a 100 ans, la première pierre de l’Hôtel Dieu de France était posée, parachevant la création d’un très grand pôle hospitalo-universitaire de référence au Liban et dans la région, après l’ouverture de la faculté de médecine de l’Université Saint Joseph en 1883. Un projet avec une triple ambition à laquelle nous sommes très attachés : francophonie, excellence, solidarité envers les plus vulnérables et les plus modestes. 

Ce centenaire, c’est l’occasion d’un temps de relecture, pour reprendre un terme cher aux Jésuites, mais aussi de célébration et de reconnaissance pour ce qui a été permis par l’amitié franco-libanaise, et accompli en un siècle au service des malades, de la médecine et de l’accès aux soins de santé pour tous. 

Aujourd’hui, il y a de l’émotion, de de la joie, la fierté à nous réunir, malgré l’adversité du contexte. 

 L’Hôtel Dieu (HDdF) est en effet l’une de ces institutions qui ont « fait » le Liban.

C’est une institution liée à l’histoire du pays, à ses épreuves aussi. J’en veux pour preuve deux exemples : 

(i)            pendant toute la guerre de 1975-1990, l’HDdF se trouve sur la ligne de démarcation, et accueille indifféremment catholiques, orthodoxes, sunnites, chiites, druzes, sans faire aucune différence entre les personnes, comme il continue de la faire encore aujourd’hui ; 

(ii)           plus récemment, l’hôpital réserva un accueil inconditionnel aux blessés des mouvements populaires d’octobre 2019 puis, la nuit du 4 août, des blessés de la double explosion sur le port.

C’est une institution de référence pour la santé en général au Liban. Je pense par ex à la contribution des travaux du Père Ducruet, ancien recteur de USJ et ancien président du CA de HDdF à la conception d’une politique de santé publique.

L’HDdF est une illustration de cette affection indéfectible et singulière qui unit la France et le Liban.

Cela se reflète :

•             dans les conditions du bail emphytéotique accordé par la France, qui consiste quasiment en une mise à disposition le terrain sur lequel se trouve l’hôpital ;

•             dans la densité des coopérations hospitalo-universitaires nouées avec les établissements français, sans aucun équivalent ;

•             dans l’attachement de la communauté française résidant au Liban à « son » hôpital ; • dans l’aide d’urgence mobilisée après l’explosion et en réponse à la crise sanitaire.

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Aujourd’hui, l’Hôtel Dieu de France fait face au défi de la profonde crise que vit ce pays. 

Révéréant Père Daccache vous avez décidé d’aller de l’avant, sans baisser les bras, pour faire de la crise une opportunité de rebond, pour travailler autrement, pour que l’HDdF reste l’institution de référence qu’il est, en le renouvelant. 

Vous êtes épaulé dans cette tâche par le directeur général, M. Nassib Nasr, à qui je souhaite aujourd’hui rendre un hommage particulier. Cher Nassib, vous ne négligez aucun sujet : depuis le logo jusqu’à la production autonome d’électricité, en passant par l’accès aux soins des plus vulnérables, sans oublier la mutualisation et l’union des forces avec les hôpitaux voisins d’Achrafieh, pour peser davantage dans les négociations. 

Tous deux insistez toujours, à juste titre, sur le fait que vous travaillez en équipe, avec le Pr

Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, parce que la vocation de l’HDF est avant tout universitaire, avec les équipes de direction, avec les équipes des services support, avec le personnel soignant. A vous toutes et tous, je veux rendre un hommage appuyé pour votre engagement, votre courage, votre générosité, votre sens des responsabilités. Cela vous honore.

Pour vous toutes et tous qui ne ménagez pas vos efforts, pour que l’USJ et l’Hôtel Dieu restent ces institutions d’excellence, fidèles à leurs engagements, notamment leur vocation sociale, parce que l’accès à la santé est une composante fondamentale du premier des droits, le droit à la vie, la France reste à vos côtés. 

 

Le Président de la République a fait la promesse de ne pas lâcher le Liban et le peuple libanais, et ce malgré les temps tourmentés que nous vivons partout dans le monde. En renouvellement de cette promesse présidentielle, et en ce jour particulier, j’ai l’honneur de vous annoncer qu’un soutien exceptionnel conjoint à l’Université Saint Joseph et à l’Hôtel Dieu de France a été décidé. 

•             1 million d’euros d’aide exceptionnelle sera ainsi versé à l’USJ pour lui permettre de poursuivre son accompagnement des étudiants qui en ont le plus besoin. Ce pays doit en effet continuer à pouvoir former ici au Liban ses talents de demain.  Ce sont près de 1000 étudiants que nous souhaitons ainsi soutenir. Cela se fera grâce au fonds des écoles d’Orient et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

•             Un don significatif de médicaments que nous sommes en train de finaliser avec le ministère de la santé, l’AP HP et AP HM pour procurer et acheminer à l’Hôtel Dieu les médicaments dont il a besoin et qu’il ne trouve plus localement. Ceci à partir de l’identification des besoins établi par l’AP HP.

 

Même si la crise nous ramène sans cesse à des préoccupations urgentes et quotidiennes, ce centenaire est l’occasion de se projeter dans l’avenir. Des lieux comme l’HDF, par leur vocation d’enseignement, de transmission des savoirs, d’ouverture à l’international et d’accueil des plus vulnérables, constituent le creuset d’un renouveau, pour un Liban plus stable, prospère et réconcilié avec lui-même.

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